Peindre des fleurs est un exercice délicat. Je trouve que Thorgrimur Einarsson fait cela avec brio.
Je regardais ce matin cette vidéo et vous la propose donc 🙂
Thorgrimur Einarsson – Yellow Rose, oil on linen, 8 x 9 inches
Son site : http://thorgrimur.com/
Pour cette exercice, je propose de prendre un objet simple, comme un fruit. L’idée est de travailler le mélange des couleurs, et d’intégrer ce qu’est une harmonie froide.
Les couleurs froides se caractérisent par une tendance à tirer vers le bleu. Chaque couleur peut être déclinée en froid, ou chaud. C’est surtout la comparaison avec une autre couleur qui indiquera sa température.
Si les bleus sont plutôt froid, un bleu de prusse est plus froid qu’un bleu outremer.
Voici la palette proposée :
bleu de Prusse
bleu outremer
bleu de cobalt
vert émeraude
vert permanent
carmin de garance
terre d’ombre brûlée
ocre
jaune citron
Il ne s’agit pas d’utiliser toutes les couleurs, mais de piocher dans cette liste.
Réalisation.
Je choisis une poire, cueillie hier.
Je prépare mon support avec un dessous ocre. Je fais une recherche de composition rapide, et je fais un croquis afin d’intégrer la forme, et les masses de valeurs.
Puis je prépare ma palette de couleur.. deux bleus, outremer et un céruleum clair, un vert un peu prairie et un vert émeraude, jaune citron et ocre, un brun van dyck et une terre d’ombre brûlée, un rouge alizarine… deux blancs, zinc et titane.
Et c’est partit…
une poire en harmonie froide — peinture à l’huile
Ressources :
Pour rester dans la pomme et la démonstration.. voici deux vidéos du même peintre, Jos Van Riswick.
J’apprécie son travail. Des natures mortes simples, où la peinture vient se mettre au service de l’objet.
Il part sur un panneau blanc, et commence par faire un fond gris. Il fonce par endroit, fait une ombre plus foncée, qu’il réchauffe sur le bord.
Puis attaque la pomme par touche de couleur. Il va du foncé au plus clair.
Il retravaile les bords, et les transitions de couleur. Ajoute un peu de peinture dans les clairs.
Il retravaille un peu le fond, ajoute des touche claires en bordure de pomme. Il n’hésite pas à tourner son panneau.
Il lisse le fond.
Il fait la queue à la toute fin. A ce moment, je réalise la position de la pomme, posée de travers.
Ces démos sont réalisées 3 ans après la première.
Le site de Jos Van Riswick
Objectif : Peindre une pomme. Choisir un fruit, le mettre en scène, puis le peindre à l’huile en une séance. Utiliser de préférence un petit format.
Médium : peinture à l’huile + diluant sans odeur ou térébenthine rectifiée.
Le choix du fruit…
Cela n’a l’air de rien, mais la pomme est un fruit difficile à peindre, tout comme le citron d’ailleurs…
Le premier choix à faire est le fruit.. j’en prends plusieurs, je les pose, les regarde.. leur forme, leur couleur. Je me pose différentes questions :
– vais-je peindre ce fruit biscornu ? ou l’idée que je me fais du fruit qu’est « la pomme »
– quelle couleur ?
Est-ce que cet angle à sa base est crédible ? Non.. je tourne le fruit pour avoir une forme plus acceptable.
On entend souvent qu’il ne faut pas peindre (ou dessiner) ce que l’on sait mais ce que l’on voit.. moi, je pense qu’il ne faut pas nécessairement écouter et croire tout ce que l’on dit 😀 😀 😀
« Il faut peindre ce que l’on voit. »
« Il faut peindre ce qui est crédible »
Les deux sont justes, il n’y a pas de vérité. Certes, dans l’apprentissage, il est important d’observer et rendre ce que l’on voit. Mais il faut aussi penser à l’image que l’on crée et parfois certains ajustements, petites « tricheries » sont nécessaires. Un angle bizarre du fruit, bien qu’existant, peut laisser croire sur une peinture à une erreur d’observation.
Sauf choix délibéré, je corrige et améliore ce que je vois pour le crédibiliser, ou lui donner la forme que je souhaite.
Ce travail nécessite une observation attentive et une connaissance de son sujet.
La composition et le choix du support.
Ensuite, je m’interroge sur la composition, j’hésite entre un fruit seul ou quelque chose de plus élaboré.. le choix de composition induira le format du support.
Finalement, j’opte pour mon fruit posé sur une boîte. Et je choisi un format carré, à peu près à taille réelle du sujet, soit 20 x 20 cm.
Le dessous.
Je passe un moment à réfléchir au dessous. Je peux choisir un dessous proche du fruit, ou en opposition. Je me dis qu’un dessous jaune va rendre difficile le fond bleu.. ceci dit, il faudrait que je teste cela.
J’opte pour un dessous terre de sienne brûlée légèrement ocrée. Mon idée est de comprendre l’interaction de cette couleur avec les éléments peins.
Je démarre ma peinture… que voici terminée..
tableau d’une pomme – alla prima, huile, 20 x 20 cm
Mon constat.
Je n’entre pas dans les difficultés de peinture rencontrées.. je note juste quelques éléments qui me semble intéressants pour la suite :
– le dessous orangé me semble intéressant pour le fond gris-bleuté
– étonnamment, le dessous orangé ne m’a pas servi pour la pomme
– le dessous orangé m’a compliqué un peu pour la boîte, qui finalement ne s’en sort pas si mal.
– le choix du poil du pinceau est primordial. Certains permettent une reprise par dessus, d’autres non. J’ai constaté cela notamment avec des pinceaux en poils synthétiques (de qualité). Certains glissent sur la peinture, d’autres « entrent » dedans.
– le résultat est très mat. Cela me surprend un peu, sans doute car j’ai l’habitude d’utiliser un médium. C’est une propriété ui peut ête intéressante à exploiter. Je trouve aussi intéressant de connaître sa peinture-matière utilisée seule.
– difficulté de peindre ce bois
Que faire ensuite ?
J’envisage plusieurs choses, je ne sais pas encore quel seront mes choix.
– peindre encore des pommes, pour approfondir, expérimenter d’autres choix de dessous, de médium, de touche, de couleur…
– peindre plusieurs essences de bois / lire un livre sur le sujet / travailler le bois
– regarder des peintures de pommes, vidéos…
– préparer des petits supports pour différentes expériences de couleur, texture, matière.
Le web fourmille de vidéos pour apprendre à peindre. Voir les gestes est très formateur, il faut en profiter 🙂
Mine de rien, ce fruit n’est pas simple à peindre. Regarder quelques vidéos peut aider.
Voici celle de Brian Neher. C’est en anglais, mais les images parlent d’elles-mêmes..
Il utilise une grande palette, c’est intéressant de voir la préparation de ses mélanges au fur et à mesure de la réalisation.
Ses pinceaux sont plutôt large. Il prend le temps de poser, réfléchir son geste, très lentement, puis le laisse aller. Il a beaucoup de matière sur son pinceau.
Il travaille d’après photo pour cette démonstration, c’est le seul hic à mon sens. Certes, une image noir et blanc permet de mieux voir les valeurs, mais je pense que rien ne vaut le travail d’après nature. Cela fait mieux travailler l’oeil, cela apporte une émotion difficile à trouver avec une photo, et en plus, je trouve que c’est plus valorisant pour soi 🙂
Sa pomme me fait penser à une confiserie de fête foraine, une pomme très gourmande recouverte de caramel translucide 😀 😀
Le site de Brian Neher
d’autres pommes du même peintre…
Exercices pour apprendre à peindre et dessiner 